Sa voix grave résonnait dans l’échine, une voix qui faisait le tour pour vous chopper par derrière. Quand son regard se porta sur l’horizon de la classe, je me sentis comme un lièvre dans la ligne de mire.
- Merci d’accueillir comme il se doit les deux nouveaux de cette année : Mademoiselle Emilie Swinton et monsieur Vincent Rose, juste devant le pupitre du fond.
La classe entière se retourna. Ma jeune blonde asociale était donc nouvelle également. Chacun des élèves nous fixait comme s’il voulait gagner le concours du regard le plus méchant. Pour un accueil « comme il se doit » nous étions servis.
- Tu crois qu’ils ont l’intention de nous bizuter ? me demanda t’elle du coin des lèvres.
- Non, ils vont juste nous tabasser dans un coin, après on sera tranquilles.
- Ah merci, tu me rassures, je m’appelle Émilie si jamais tu ne sais pas quoi marquer sur ma tombe.
Mon entraînement spécial, pourtant rude, ne m’avait pas préparé à la torture de cette première matinée de classe, interminable, abrutissante. Heureusement, de temps en temps, Émilie me faisait sourire. Son analyse du comportement des garçons de la classe vu comme un groupe de gorilles mâles était non seulement irrésistible, mais parfaitement juste. Mince, j’étais tombé sur bien pire qu’une ravissante blonde idiote : une ravissante blonde intelligente.
