Dans le dos d’Emilie, les ailes formaient un angle bizarre. Calmement, elle se jeta dans le vide d’un mouvement céleste. Borrow me regardait avec un large sourire :
- Elle a du cran la petite, n’est-ce pas ?
A mon tour je sautais dans le vide en tenant bien haut le gyrax. Rapidement il se mit à tourner. Son vrombissement sourd au dessus de ma tête avait quelque chose d’hypnotique. Malgré mon équipement, la descente fut rapide !
Le puits débouchait sur une vaste salle souterraine. Les murs étaient jonchés de mousse, donnant au lieu un air abandonné. Une voix caverneuse me cueillit avant même que j’ai posé un pied au sol :
- Bienvenu à notre petite fête, ce soir, nous célébrons un massacre !
Je cherchais Émilie des yeux mais ne la trouvait pas. L’absence de traces d’impact à la verticale du puits me rassurait quant à un éventuel crash.
- Votre planète n’est qu’un brouillon de culture. Votre temps est révolu.
Ce que j’avais pris pour de la mousse se contracta. Tout autour de moi, elle ondulait, agitée de spasmes. Je découvris alors Émilie, engluée contre un mur. Cette mousse était vivante, elle glissait vers le centre de la salle. Là, elle se rassemblait pour former le plus grand démon que je n’ai jamais vu. Adoptant une silhouette humanoïde d’au moins quatre mètres, son corps palpitait tandis qu’il assimilait toujours plus de mousse. Libérée, Émilie glissa au sol. Elle était manifestement en état de choc, je la secouais doucement pour la sortir de sa torpeur. Rien n’y fit, je l’installais alors dans une niche du mur, le plus loin possible de ce que j’allais inéluctablement déclencher.
