Je me retournais, j’étais prêt, la colère grandissait en moi, accompagnée de cette force que je savais si puissante. Le spectacle allait commencer. De son côté, le démon continuait à pérorer :
- Je suis une révolution de l’espèce. Tremblez pauvres humains, vous êtes si communs, si lisses.
- Tu ne sais pas à qui tu t’adresses.
- Tu te crois différent des autres humains. Pauvre vermisseau. Tu sais, je te sens gratter derrière mes pensées. Mais cela ne suffira pas pour sauver ton âme.
- Je n’ai pas seulement le don d’entendre l’inconscient, je vais aussi le détruire. Sais-tu ce qu’il va rester de toi quand j’aurai brûlé ton inconscient ? Tu vas errer comme une coque vide. Ton sort est bien pire que la mort.
La force montait, montait et cette intrigante question revenait : Qu’est ce que le normal ? Une première onde de choc frappa le démon. Désorienté, il se mit à courir comme un aveugle, s’écrasant contre les murs en hurlant. Des vagues de puissance s’échappaient, à chaque fois plus fortes. D’un coup, le démon se recroquevilla. Cloué de stupeur, il ne comprenait pas, il était perdu. Ce misérable chien allait souffrir avant de sombrer. Il m’était de plus en plus difficile de contenir cette enivrante puissance. Le démon tomba sur le dos, les yeux écarquillés. De temps en temps, un de ses membres s’agitait comme par réflexe.
J’étais au max. Juste avant que cette force immense jaillisse de moi et inonde l’espace, une bouffée d’orgueil s’imprima dans mon cortex : « Je suis une bombe ». Incapable de me retenir plus longtemps je lâchais tout.
La bête disparut dans un déchirement. Moi, je restais là, haletant, épuisé, incapable d’effacer ce rictus encore plaqué sur ma bouche.
